Affairs of the European Parliament.

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République française, François Hollande.

Monsieur le Président,
Je me permets aujourd’hui de m’adresser directement à vous pour vous manifester mon indignation suite à vos prises de positions en relation avec la crise que l’Egypte vit depuis plusieurs semaines.
Avant tout autre chose, je tiens à préciser que je suis un citoyen français, fier de l’être, respectueux des lois démocratiques, et respectueux des idées des autres. Je ne milite dans aucun parti politique, ne suis engagé dans aucune « cause », rejette les « extrêmes » quels qu’ils soient, et exècre la violence (considérant que c’est l’ultime recours de celui qui a épuisé tous ses arguments de dialogue).
Bien qu’aujourd’hui retraité, j’ai passé la majeure partie de ma vie professionnelle comme expert en développement, dans des pays difficiles, pour aider les plus défavorisés et marginalisés à survivre. J’ai également travaillé comme expert dans le domaine des Droits de l’Homme. Je n’ai jamais servi dans des ONGs, mais toujours dans le cadre d’importantes Organisations Internationales. Enfin, j’ai personnellement travaillé en Egypte, peuple attachant et parmi les moins belliqueux que j’ai pu connaître. Ceci pour dire que je crois assez bien connaître les souffrances des populations que j’ai côtoyé, et que je crois être à même de comprendre les motivations de leurs réactions.
Lors de la première « révolution » égyptienne, en 2011, le monde occidental a applaudi la destitution du Président Hosni Mubarak, qualifié de « tyran » parce qu’il dirigeait le pays sur la base d’un système oligarchique, qui bénéficiait en priorité à une minorité. Mais l’économie du pays tournait : vente d’énergie aux pays voisins, tourisme florissant, production industrielle locale en plein développement, le tout assurant du travail et des conditions de vie à la population qui, sans être paradisiaques, permettaient de garantir nourriture, éducation, santé et sécurité à la plus grande majorité.
En juin 2012, le Président Mohamed Morsi a été élu, suite à des élections reconnues par les pays occidentaux, dont la France, comme démocratiques. Mais sur quoi la France s’est-elle basée pour qualifier ces élections de « démocratiques » ? Il est aujourd’hui de notoriété publique que ces élections présidentielles n’ont été qu’un triste show, orchestré par la seule vraie et solide organisation alors établie, celle des Frères Musulmans. Celle-ci existe depuis 1928 et est constituée d’un réseau politiquement présent dans plus de 80 pays. En face d’elle, le parti de « l’ancien régime », totalement abhorré du peuple égyptien, et quelques formations sans réel leader, sans programme, sans expérience ni références, sans conseils. Y a-t-il eu des observateurs étrangers pour vérifier le déroulement de la campagne et des scrutins ? Les dénonciations de fraudes ont-elles eu le moindre écho ? Considérez-vous, Monsieur le Président, que la France a le droit de reconnaître comme « élections démocratiques » celles organisées sur la base d’un parti unique, qui a acheté les voix des électeurs et a permis à la même personne de voter dans plusieurs bureaux de vote ? Ce n’est pas MA notion de la démocratie, et je suis triste que mon pays s’associe à une telle mascarade.
Fin 2012, le peuple égyptien fait un constat. Le tourisme en Egypte a baissé de plus de 80%, réduisant les entrées de devises à néant, et poussant au chômage un nombre sans cesse grandissant d’égyptiens. Il y a chaque jour davantage de pénurie de pain, de médicaments, puis d’essence. Les coupures d’électricité sont de plus en plus fréquentes, les industriels ralentissent leurs activités ou ferment leurs usines. Les investisseurs fuient le pays. L’insécurité va grandissant. Les réserves monétaires du pays sont à sec et le Gouvernement est prêt à vendre n’importe quoi, dont les réserves d’or. Il s’avère que le Gouvernement Morsi détourne une partie des réserves énergétiques et médicamenteuses du pays pour aider leurs « frères » du Hamas, établis dans la Bande de Gaza, et constituant rien moins qu’un groupe dissident du Gouvernement Palestinien officiel.
Le peuple a faim, le peuple a peur, le peuple réalise qu’il a été leurré, et demande pacifiquement au Gouvernement Morsi de tenir ses promesses de campagne. Dans les pays occidentaux, chacun sait ce que sont les promesses de campagne. Mais en Egypte, trop récemment ouvert à la « démocratie », la naïveté l’emporte, et on a cru aux beaux discours …..
En fait, le Gouvernement Morsi est loin de s’occuper du peuple. Il a révisé la Constitution Nationale, y introduisant la « Charia ». Il a fait voter des lois pour autoriser le mariage des filles dès l’âge de 9 ans. Ou encore autorisant des rapports sexuels avec une épouse défunte plusieurs heures après sa mort déclarée. Mais peut-être n’êtes-vous pas au courant de ces dérives officialisant des pratiques pédophiles ou nécrophiles ? Ce serait grave, car sauf erreur de ma part, vous avez une Représentation Diplomatique sur place, en principe chargée de vous informer, entre autres, sur l’évolution de la législation nationale ! Et je me refuse à admettre que mon pays, le pays des Droits de l’Homme, accepte de telles pratiques sans la moindre réaction. Alors, Monsieur le Président, où étiez-vous à ce moment ? Que faisaient les membres de votre Gouvernement ?
Cependant, le Gouvernement Morsi entend les protestations du peuple. Il sait qu’il s’était engagé à nommer plusieurs vice-présidents, dont un chrétien et une femme. Il sait aussi qu’il n’en a rien fait. Il ouvre donc une session d’écoute, dont il balaiera d’un revers de main tous les arguments, et refusera l’idée d’un dialogue national. Excédé, le peuple lance alors un ultimatum : modification de la ligne politique des Frères Musulmans, ou sortie du Président Morsi. L’ultimatum prévoit comme date d’exécution le 30 juin 2013.
Des « sit-in » commencent avant la date fixée, mais à part, aux dernières limites, un appel du Président Morsi à un dialogue national, le même que lui-même avait refusé quelques semaines auparavant, rien ne se passe, et la ligne politique demeure immuable. Le peuple est de plus en plus nombreux à manifester dans les rues contre la Confrérie, demandant son départ du pouvoir. Sachant que les Frères Musulmans ne baisseront pas facilement les bras, le peuple demande l’appui de l’armée, pour le protéger des représailles (qui ne peuvent être que sanglantes) de la part du pouvoir en place. Il faut en effet se rappeler que les Frères Musulmans, pour protéger leur mouvement, ont déjà organisé l’assassinat du Premier Ministre égyptien Mahmud Fahmi Nokrashi en 1948, l’assassinat du Président Sadate en 1981, que l’actuel leader d’Al-Qaida est issu de leurs rangs, et que le Hamas est une de leurs émanations (entre autres).
Le 03 juillet 2013, le Président Mohamed Morsi est déchu, par le peuple, avec l’aide de l’armée et des Institutions Policières. La première réaction de la France est de parler d’un « coup d’état » de l’armée. Encore une fois, Monsieur le Président, êtes-vous sûr de vos sources et de vos analystes ? Tout d’abord, un « coup d’état » est un renversement du pouvoir en place pour s’y installer : l’armée a-t-elle pris le pouvoir ? Non. C’est le peuple qui est à l’origine de cette action, et cela s’appelle une « révolution ». La France devrait bien savoir de quoi il s’agit, puisqu’elle est l’instigatrice de ce type d’action (voir 1789, dans les livres d’histoire …..). Ensuite, le peuple a agi ainsi parce qu’il avait été floué, trompé, qu’on ne l’écoutait pas, qu’on ne répondait pas à ses appels à l’aide pacifistes et légitimes, à ses craintes, à ses angoisses. Puis si l’armée et la Police sont intervenues, c’est à la demande du peuple, et non à leur propre initiative. Enfin, lorsqu’on fait un « coup d’état », on ne prévient pas à l’avance, comme cela a été le cas en Egypte, où des échéances ont été fixées, mais totalement ignorées du pouvoir en place.
La France (et aussi beaucoup d’autres pays occidentaux) s’est insurgée contre cette action, la qualifiant d’anti-démocratique. Monsieur le Président, je me référerai ici à la définition la plus communément reconnue du concept de « démocratie », celle donnée par Abraham Lincoln, 16ème Président des Etats Unis d’Amérique : la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Vous connaissez très certainement cette définition, puisqu’elle a été introduite dans la Constitution Française en 1958 !!! La démocratie ne se limite ainsi pas à une action aux urnes, le jour de l’élection présidentielle (et d’ailleurs à ce niveau, comme indiqué précédemment, il y a beaucoup à redire), mais le peuple, en démocratie, juge en permanence l’action du gouvernement qu’il a élu. Considérez-vous qu’un peuple opprimé, affamé, vivant dans une insécurité chaque jour plus grave, sans travail, sans économie, exposé aux risques de santé, a le droit de rester sans réagir ? Si oui, vous cautionnez le despotisme !! Mais si non, alors pourquoi la France aurait-elle félicité le peuple égyptien pour avoir destitué le Président Mubarak, dont les conséquences de sa gestion sur le peuple étaient de très loin beaucoup moins graves que les conséquences du Gouvernement Morsi, et critiquerait l’action du 3 juillet 2013 ? Ne voyez-vous pas ici une certaine incohérence ? Ou bien n’êtes-vous pas en possession d’une information exhaustive, objective et transparente de la part de vos services diplomatiques sur place ?
Une autre critique promulguée par la France (et d’autres Etats Occidentaux) concerne la légitimité du Président Morsi, et donc l’illégitimité de sa destitution. Vous êtes sans aucun doute au courant du fait que le Président Mohamed Morsi est sous le coup d’une inculpation, pour avoir conspiré avec des membres du Hamas et du Hezbollah, et pour laquelle il a été condamné à une peine de prison. Il a été emprisonné au centre de détention de Wadi El-Natroun, d’où il s’est échappé, profitant du chaos durant la révolution de 2011, en compagnie d’une trentaine d’autres détenus, tous membres de la Confrérie des Frères Musulmans. Deux autres prisons, dans lesquelles des membres du Hamas et du Hezbollah étaient emprisonnés, ont également été attaquées pour libérer d’autres Frères Musulmans. Au cours de ces attaques, les assaillants s’étaient emparés de grandes quantités d'armes se trouvant dans les prisons. Depuis lors, le Président Morsi est sous l'accusation d'assassinats de soldats et de conspiration avec le Hamas. Alors, franchement, Monsieur le Président, êtes-vous prêt à défendre la « légitimité » d’un candidat repris de justice pour assassinat de soldats et évadé de prison ? Est-ce là votre interprétation de la légitimité ? Personnellement, je refuse que mon pays, par votre voix, cautionne une telle situation. Ce n’est pas MON pays, ce n’est pas MA France.
Tout cela concernait l’histoire récente, les événements des derniers mois. Permettez-moi maintenant de passer à l’histoire des derniers jours.
De nombreuses voix, dont la vôtre, celle de votre Ministre des Affaires Etrangères, ou de Monsieur Kouchner, s’élèvent pour condamner la « répression », le « bain de sang », et l’interdiction de rassemblement dont l’armée égyptienne serait l’auteur. Tout le monde plaide pour le dialogue. Mais là encore, êtes-vous bien informé ?
Le dialogue. Depuis le 03 juillet, les Frères Musulmans sont appelés à intégrer le Gouvernement transitoire. Refus sans appel des Frères Musulmans. Appel au dialogue : condition préalable des Frères Musulmans, le retour de Mohamed Morsi à la Présidence. Alors, je vous le demande (et demandez-le aussi à Monsieur Kouchner, docteur en médecine) : peut-on soigner quelqu’un contre sa volonté ? La réponse est NON. Peut-on obliger quelqu’un à dialoguer s’il refuse de le faire : la réponse est encore NON. Peut-on obliger quelqu’un à intégrer un groupe contre sa volonté : encore une fois NON.
La constitution d’un Gouvernement de Transition a pourtant été bien accueilli par l’ensemble de toutes les parties prenantes : Al Azhar, le Pape Copte, les salafistes, les indépendants, et tous les autres partis politiques, y compris les jeunes de la Révolution. Les seuls qui ont rejeté l’offre sont les Frères Musulmans.
La répression. Celle-ci n’a pas eu lieu. Le Gouvernement de Transition a annoncé pendant plus de 3 semaines que les « sit-in » devaient être levés, et que s’ils ne l’étaient pas de façon spontanée, les forces de l’ordre seraient forcées d’intervenir.
Ce qu’il faut savoir sur les sit-in de Rabaa ou de Nasr City. Outre le fait de bloquer les rues et la circulation, ces « sit-in » créent un désordre épouvantable dans les quartiers où ils sont établis. Les habitants sont cloîtrés chez eux, sont soumis à toutes sortes de pressions : exigences de nourriture, boissons, usage des toilettes privées de la part des « sit-inners », humiliation et menaces, viols et agressions, etc. Sans parler du bruit, des toilettes à ciel ouvert improvisées par les « sit-inners », des enlèvements et tortures infligées à leurs « ennemis », et de tous les trafics inhérents à ces prises de positions prolongées.
Lors des premières escarmouches entre manifestants et forces de l’ordre, la désinformation, allègrement relayée par des journalistes peu scrupuleux ou supporters des Frères Musulmans a fait le tour du monde. Les cadavres des Frères Musulmans montrés dans des vidéos : il s’est avéré qu’il s’agissait de corps filmés en Syrie, et non en Egypte ! Des tirs des forces armées égyptiennes alors que les manifestants étaient en pleine prière : à l’heure des tirs, aucune prière, et les cadavres avaient encore leurs chaussures aux pieds, donc ils ne priaient pas ! Sur des vidéos, des étuis de munitions de gros calibre (armes lourdes) étaient présentées comme étant les étuis des balles tirées par les forces de l’ordre sur les manifestants : comment ces étuis de balles seraient-ils arrivés entre les mains des manifestants, alors que lors des tirs ces étuis restent au pied des tireurs, donc dans ce cas précis au pied des forces de l’ordre, si tant est que ce sont eux qui ont effectivement tiré (il est facile de se procurer ce type d’article, à partir de n’importe quel champ de bataille, sans pouvoir identifier l’origine « géographique » des produits).
Après de très nombreux rappels et mises en garde de l’intervention des forces de l’ordre pour disperser les « sit-inners », il semble normal que devant la « désobéissance » de ces « sit-inners », et afin de ne pas perdre toute crédibilité, le Gouvernement Transitoire a dû donner ordre d’intervenir. C’est exactement comme cela que les choses se passent dans n’importe quel pays. Imaginez, Monsieur le Président, un « sit-in » face à l’Elysée, bloquant le quartier et la circulation. Ne croyez-vous pas que des ordres de dispersion seraient rapidement donnés, avec un délai pour obtempérer ? Et au cas où ça ne marcherait pas, ne croyez-vous pas que les forces de l’ordre seraient mobilisées ? Et si un seul des « sit-inners » sortait une arme et tirait sur les forces de l’ordre, oseriez-vous dire que les ordres seraient de répondre en offrant des fleurs ?
Si un forcené est encerclé par la police, en France, et tire sur les policiers qui l’entourent, que feront les policiers ? Souvenez-vous l’affaire Mohamed Merah, en mars 2012 : il avait assassiné 3 soldats français plus 4 enfants, puis tiré sur les hommes du RAID qui l’assiégeait ; il a été abattu par le RAID.
Oseriez-vous prétendre que lorsque des campements ROM sont évacués puis détruits au bulldozer, toujours en présence de la police, si par hasard l’un d’eux sortait une arme et commence à tirer il serait médaillé ? Certainement pas, Monsieur le Président.
Dans le cas précis de Rabaa et Nasr City (à Nasr City, le « sit-in » était juste devant le Palais Présidentiel, notre « Palais de l’Elysée »), la situation est toute identique. Après les appels et rappels, les forces de l’ordre ont donné l’assaut, pour simplement déloger et disperser les « sit-inners », sans la moindre volonté de provoquer une effusion de sang. Mais ils se sont heurtés à une résistance qui n’avait rien de pacifique, puisque des armes de guerre sont apparues. Les manifestants ont commencé à tirer à balles réelles sur les forces de l’ordre, à lancer des cocktails molotov, et à s’entourer de boucliers humains (enfants réquisitionnés dans des orphelinats, femmes, ou plus simplement habitants du quartier qui ne demandaient rien à personne).
Le porte-parole des Frères Musulmans a déclaré jeudi soir 15 août que l’attaque a été tellement subite et violente que la Confrérie s’est trouvée dans l’impossibilité de contrôler les manifestants. Subite ? Après 3 semaines d’appel à la dispersion ? Violente ? Aucun char n’a tiré dans la foule, mais les manifestants ont tirés sur les forces de l’ordre. Vendredi 16 août, alors que les Frères Musulmans, lors de la prière du vendredi, avaient toutes les chances de reprendre leurs troupes, les ont au contraire incitées à des manifestations quotidiennes, prêchant que pour défendre la « légitimité » du Président Morsi, chacun devait se battre, jusqu’à la mort. Langage de paix, d’ouverture et de tolérance ? J’en doute !
De nombreuses personnes se sont réfugiées dans la mosquée Al-Fattah, où les forces de l’ordre se sont heurtées à une résistance violente. Après plusieurs heures d’échange de coups de feu, les forces de l’ordre sont venues à bout de la résistance. Elles sont alors entrées dans la mosquée, pour libérer de nombreuses personnes qui y étaient entré contre leur gré, pour s’y mettre à l’abri, ou bien parce qu’elles y avaient été contraintes. A leur sortie, les habitants du quartier ont acclamé les forces de l’ordre. Celles-ci protégeaient de leur corps les « rescapés » contre la vindicte des habitants du quartier, croyant que tous étaient des sympathisants des Frères Musulmans, et voulant se venger des journées terribles qu’ils leur avaient imposées.
Lorsque des tireurs embusqués dans les minarets de la mosquée ont ouvert le feu sur les forces de l’ordre et la foule, la police, avec le renfort des militaires, ont du intervenir pour faire cesser les tirs. Alors, « bain de sang », oui, on peut le dire. Mais de la responsabilité de qui ? Attention à un jugement hâtif basé sur des rapports de journalistes en quête de sensationnel ou des statistiques d’ONGs. Que dire aussi des officiers de police torturés puis assassinés avant que leurs corps mutilés et dévisagés ne soient jetés comme de vulgaires déchets encombrants devant les portes des Commissariats ?
Aujourd’hui, le 18 août, le Ministre de la Solidarité Sociale, Ahmed al-Borai, a annoncé que les mesures légales étaient mises en place pour démembrer la Confrérie des Frères Musulmans. Il a ajouté qu'il s'agissait d'un "devoir légal" après les "actes terroristes" dans lesquels ils ont été impliqués.
Monsieur le Président, il y a quelques mois, vous avez décidé d’une intervention au Nord Mali, pour libérer la région de l’emprise de l’AQMI, rattachée à Al-Qaida. Je dois admettre que, bien qu’opposé à la violence, j’ai approuvé cette décision. Vous avez là répondu à une demande d’aide du Gouvernement malien, pour gérer un problème débordant le cadre du Mali, et pour lequel le Mali seul était incapable de trouver une solution définitive.
Aujourd’hui, l’Egypte tente de gérer seule, sans demander d’intervention extérieure, un problème interne. Ne juger que les responsables actuellement aux commandes du pays est totalement injuste. La plupart des médias se focalise sur le fait qu’une mosquée, lieu saint et de prière, a été prise d’assaut par les forces de l’ordre. Combien d’églises ont été brûlées depuis le début de la révolution ? Quelqu’un en parle-t-il ? Non. Il est vrai qu’en France on détruit actuellement les églises qui embellissent nos villes et villages, dont certaines sont de véritables monuments, sous le prétexte qu’elles coûtent trop cher à entretenir. Et dans le même temps, on construit de partout des mosquées …. Coûtent-elles moins cher à l’entretien que nos églises ? Ou bien subit-on une influence extérieure pour changer le sens du mot « laïcité » ? Peut-être un décompte de voix électorales ? Ou bien la « crainte » de gêner certaines personnes ou certains groupes ?
Depuis hier, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabe Unis, le Koweit, la Jordanie et la Palestine ont fait savoir qu’ils soutenaient la politique égyptienne visant à écarter du pouvoir politique la Confrérie des Frères Musulmans.
De votre côté, vous avez convié les Etats Membres de l’UE à une réunion, demain, à Bruxelles, pour parler de l’aide que l’Union apporte à l’Egypte. C’est une initiative louable, à deux conditions : ne pas se tromper de cible, donc respecter le peuple égyptien et l’expression de la démocratie (et non pas la mascarade de démocratie théâtralement mise en scène en été 2012), et offrir au pays ce dont il a réellement besoin pour se reconstruire, prenant en considération les principes de Liberté, Egalité et Fraternité qui font de la France ce qu’elle est et ce qu’elle représente dans le monde, ainsi que tous les principes inscrits dans les Traités de l’Union Européenne.
Sans prétendre vous donner des conseils, je vous suggère de prendre connaissance du message du Père Henri Boulad, du 17 août, ou bien de la déclaration récente de l’Eglise Orthodoxe Copte d’Egypte (Pape Tawadros II) sur une analyse de la situation en Egypte, ainsi que de la lettre envoyée par le Docteur Boutros Boutros Ghali (ancien Ministre égyptien des Affaires Etrangères de 1977 à 1991, ancien vice Premier-Ministre égyptien chargé des Affaires Etrangères auprès des Nations Unies, puis élu au poste de Secrétaire Général de l’ONU le 1er janvier 1992 pour un mandat de cinq ans) hier à Monsieur Ban Ki-moon, pour lui exposer la situation de l’Egypte.
Ne doutant pas de l’intérêt que vous porterez à ce courrier, et comptant sur votre objectivité pour peser sur les fausses interprétations en vue de rétablir la vérité.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma haute considération.
Patrick Trolliet
18.08.2013